La permaculture ne sauvera pas le monde. Réflexions.

Je suis un grand enthousiaste de la permaculture, de l’agriculture régénératrice, de l’autonomie alimentaire et compagnie. Mais il faut faire attention au jovialisme et à la pensée magique.

À lire. Un article de Andy Kenworthy. Réflexions intéressantes.

Why permaculture won’t “save the world”
Un article de Andy Kenworthy

 

 

Un autre des culs-de-sac de l’agriculture industrielle : la fin du phosphore.

Je suis tombé sur un article de Radio-Canada par hasard, on annonce la fin du phosphore. Comment?

L’article complet `: La fin du phosphore. (Radio-Canada)

Je me doute bien que l’agriculture industrielle actuelle n’est pas soutenable à moyen et long terme, mais j’ignorais que le phosphore minéral était une ressource limitée et non-renouvelable.

Pour se développer, les plantes ont besoin, entre autres, de trois éléments essentiels : l’azote, le phosphore et le potassium. C’est ce que contiennent les engrais minéraux dont l’agriculture industrielle moderne à tant besoin. Une pénurie de phosphore serait une catastrophe.

La grande majorité du phosphore des engrais agricoles vient de roches phosphatées sédimentaires récoltées dans des mines à ciel ouvert. Une étude estime qu’au rythme où vont les choses, les réserves mondiales seraient épuisées dans 50 ou 100 ans. En plus, environ 80% de ce qu’on épand dans les champs est gaspillé et ruisselle dans les cours d’eau contribuant à l’eutrophisation des cours d’eau, à la prolifération d’algues et de cyanobactéries.

L’agriculture industrielle moderne semble courir droit  dans un mur.

Or il semblerait qu’une autre agriculture soit possible. Les méthodes de l’agriculture régénérative pourraient être une partie de la solution.

Marie Thévard a publié en 2021, Le Jardin Vivrier, livre dans lequel elle présente son expérience d’autosuffisance alimentaire. Elle traite dans une partie du livre de la question de la fertilité du sol.

« Marie-thé a fait faire une analyse du sol de sa propriété au début des années 2000. Bien que les résultats aient été égarés depuis, elle se rappelle en particulier que le sol était plutôt pauvre, carencé en phospore. Le phospore étant souvent, au niveau mondial, l’élément critique de la productivité, du moins celui sur lequel on a le moins de prise, c’est lui qui avait retenu son attention. »

« Une analyse plus récente du sol du jardin de Marie-Thé, en octobre 2019, est venu éclipser la précédente : le sol est maintenant riche, voire très riche (trop riche!), en tous les différents minéraux et oligo-éléments, y compris le phosphore. »

« La première analyse ayant indiqué un sol carencé, Marie-Thé s’est attelé à en augmenté la fertilité par des doses massives de compost, puisqu’elle s’interdisait tout apport d’intrants sous forme d’engrais de synthèse. »

« Ce qui est réjouissant dans ces résultats est qu’aucun engrais minéral ou de synthèse n’a été ajouté dans l’intervalle de 19 ans séparant les deux analyses de sol. Le seul enrichissement, année après année, fut l’apport de matières organiques telles les déchets de cuisine récupérés d’un café-resto voisin, le compost de table de la maison et des résidus de jardin, le fumain, les paillis, le fumier de poules et de chèvres, et l’épandage de la cendre de bois au printemps. »(p.30)

« La conclusion est sans équivoque : augmenter la fertilité du sol sans fertilisants de synthèse n’est pas seulement possible, c’est assez facile, très peu coûteux et relativement rapide et, surtout, cela permet de s’affranchir ses systèmes industriels. » (p.35)

Son approche est essentiellement basée sur le non-travail du sol, le paillage du sol, l’abandon du labourage et la fertilisation sans engrais de synthèse. Les résultats semblent concluants.

Je lis ces résultats de Marie-Thévard, je lis aussi la même chose dans les expériences d’Eliot Coleman dans le Maine et de Jean-Martin Fortier au Québec. Les mêmes conclusions chez ceux qui, de plus en plus nombreux, produisent du boeuf nourri à l’herbe. Le film Kiss the Ground abonde dans le même sens.

J’ai l’impression de voir naître un nouveau courant de pensée porteur de solutions nouvelles et réalistes.

Et ça me donne espoir pour l’avenir.

 

 

 

 

 

 

 

Détestons Facebook, mais pour de bonnes raisons… (Framablog)

Détestons Facebook, mais pour de bonnes raisons…

« Bon, c’est désormais officiel, tout le monde déteste Facebook.
Mais les raisons de cette détestation ont leur importance. Il en va de même pour ce que nous voulons en faire. »

La suite sur Framablog.

Intéressantes réflexions. Oui, on déteste Facebook mais si c’est pour le remplacer par une autre connerie semblable, on est pris avec une autre connerie. Que faire et pourquoi? Un billet intéressant sur Framablog.

Une BD documentaire sur les jardins potagers de Montréal

Le reportage BD « Agriculture urbaine, une tomate à la fois » est le récit d’une recherche réalisée pendant quatre ans dans la région de Montréal sur les potagers individuels. (Publiée dans The Conversation en novembre 2021.)

Je ne sais pas si la BD documentaire est un style plus répandu qu’avant ou si je le remarque simplement davantage, mais je trouve l’idée très intéressante. C’est un intéressant médium de diffusion des idées.

 

[Pour lire la suite.]

L’équipe de recherche a répertorié plus de 17,046 jardins pour une superficie totale de 47,9 hectares. Un hectare valant 10,000m2, ces jardins auraient donc en moyenne 28m2, soit l’équivalent d’une bande de 4 mètres par 7 mètres, ce qui est quand même assez grand.

Ces jardins auraient produit pour une valeur entre 25 et 50 millions de dollars en fruits et légumes, soit entre 1,400$ et 2,800$ par jardins, ce qui est beaucoup plus que ce que j’aurais estimé.

Les chercheurs estiment que “avec une production de 3kg/m2, ça veut dire qu’avec un 10m2 de potager, une famille de 4 personnes produit 28% de ses légumes frais durant l’été.”

Bon, est-ce que ça veut dire que le jardin produit 28% des besoins annuels durant la période estivale? Sûrement pas. Qu’est-ce qu’on considère l’été comme la période du 21 juin au 21 septembre? À la fin juin, ça pousse mais on ne récolte pas grand chose, certainement pas assez pour combler les besoins d’une famille.

Bon, si j’ai de la difficulté à évaluer exactement ce que ces données veulent dire, j’en comprends qu’il y a un réel potentiel de production maraîchère en ville et un réel potentiel d’auto-production.

Quand je regarde tout l’espace consacré au gazon dans une ville, je me prends à imaginer tout ce qu’on pourrait y faire pousser.

 

 

Ce qu’on trouve à l’épicerie n’est pas si varié.

Dès qu’on parle d’autonomie alimentaire au Québec, on se fait dire que si on ne devait manger que ce qu’on produit, nous mangerions toujours la même chose, des carottes et des navets, et qu’on ne pourrait pas se passer de tout ce qu’on trouve à l’épicerie.

Or l’agriculture industrielle tend à réduire la diversité et ce qu’on trouve à l’épicerie n’est pas si varié.

Un rapport publié en 2019 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, mettait en garde l’humanité du risque de pénurie alimentaire dû à la diminution inquiétante de la biodiversité dans l’agriculture. On y affirme, entre autres, que bien que l’humanité cultive environ 6000 plantes pour se nourrir, seulement neuf d’entre elles représentent à elles-seules 66% de toutes les récoltes dans le monde. (En lire davantage.)

Cette liste comprend la canne à sucre, le maïs, le riz, le blé, la pomme de terre, le soya, la noix de palme (pour l’huile de palme), la betterave sucrière et le manioc.

Oui, bien sûr, on trouve des tomates à l’épicerie, mais toujours les trois ou quatre mêmes sortes. Mais jetez un coup d’œil au catalogue d’un semencier local artisanal, vous trouverez des douzaines de variétés de tomates, des rouges, des roses, des noires, des jaunes, des petites en formes de poires, des grosses de formes allongées, etc.

Ces petites tomates jaunes en forme de poires sont délicieuses. On en trouve des semences dans les catalogues de semenciers locaux, pas à l’épicerie.

Et vous y verrez aussi des choses comme de l’arroche, des épinards-fraises, des crosnes du Japon, du pourpier d’hiver, de la roquette turque, des concombres-citrons, de la livèche, etc. Toutes des choses qu’on ne voit jamais à l’épicerie.

Le pourpier d’hiver avec ses belles feuilles épaisses et croquantes, qu’on ne voit jamais à l’épicerie. Et ça pousse bien chez-nous, même au froid.

L’agriculture industrielle tend à l’uniformisation, à la standardisation et à la monoculture. Neuf plantes déjà constituent les deux tiers de la production mondiale et la diversité de la production agricole a grandement diminué au cours des dernières décennies et continue de diminuer.

Ce qu’on produit ici et qu’on peut voir dans les marchés publics et dans les paniers bio est déjà diversifié et pourrait l’être davantage.

Le projet Wikipedia, peut-être la plus formidable aventure intellectuelle de notre temps, a 20 ans.

 

Wikipedia est une héritière du siècle des Lumières et du projet l’encyclopédique de Diderot. Peut-être la plus formidable aventure intellectuelle de notre temps dont l’incroyable succès en a fait une chose faisant partie de nos vies et allant de soi. Et ironiquement, elle fait tant partie de nos vies que la jeunesse d’aujourd’hui ne peut réellement comprendre en quoi elle constitue une incroyable révolution.

Je suis depuis hier plongé dans le livre Wikipedia de Rémi Mathis. Intéressant et surtout, inspirant.

Je m’étais inscrit à Wikipedia inspiré par un article paru dans le revue l’Actualité paru en septembre 2020 à propos de Simon Villeneuve, prolifique contributeur québécois. Les premières contributions sont un peu difficiles à faire, il faut débrousailler les règles, oser faire des changements et des ajouts, risquer de déranger une communauté tissée serré ; je m’y replonge, inspiré par le livre de Mathis.

#Wikipedia #Livre #Idée

 

Production en serres au Québec, au delà de bas tarifs d’électricité.

Il y a beaucoup ces temps-ci de discussions au Québec à propos du développement de la culture en serres au service de laquelle nous pourrions mettre notre formidable potentiel hydroélectrique. Or, j’ai peur parfois que notre stratégie se limite à offrir un tarif réduit aux entreprises exploitant des serres.

Il y aurait me semble-t-il la possibilité de développer des méthodes pour augmenter l’efficacité énergétique. Je sais bien qu’actuellement plusieurs entreprises travaillent à développer ce secteur et je ne suis qu’un jardinier amateur, mais je permets quand même quelques réflexions sur le sujet.

Les serres sont le plus souvent faites de verres sur tous les côtés, or le côté nord n’est jamais exposé au soleil, le côté nord est donc inutilement transparent. On pourrait penser faire du côté nord un mur massif en pierres qui accumulerait la chaleur durant la journée pour la rediffuser lentement durant la nuit.

Strawberries in chinese solar greenhouse
Strawberries in chinese solar greenhouseStrawberries in a Chinese solar greenhouse. Picture: wikipedia commons.

Pour améliorer l’isolation de la serre, on peut aussi concevoir une serre semie-enterrée. La serre pourrait être faite d’une large tranchée de peut-être deux mètres et demi de profond surplombée d’un toit de verre incliné vers le sud. La serre serait alors davantage protégée du vent et profiterait de la chaleur du sol puisque même en hiver, le sol ne gèle pas passé une profondeur de 1,5 mètres environ.

Il y a différentes expérimentations faites avec du chauffage à partir de compost. En effet, un tas de compost, ça dégage de la chaleur. Un tas de compost de 5 pieds par 5 pieds par 5 pieds dégage assez de chaleur pour le pas geler complètement en hiver et un gros de compost produit une chaleur qui peut atteindre 70 à 80 degrés au centre. On peut penser faire courir des tuyaux sous un gros tas de compost pour y faire chauffer de l’eau ou l’air qui sera ensuite amené dans la serre.

On peut aussi penser accumuler un gros tas de compost contre le mur de pierre du côté nord que je décrivais plus tôt. On aurait non seulement une isolation de ce mur mais en plus une isolation qui produit une chaleur. Et bien sûr, la production de compost est complémentaire à la production de fruits et de légumes, le compost produit va servir à engraisser la terre dans la serre.

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J’ai découvert récemment les idées d’Eliot Coleman, un maraîcher installé dans le Maine aux États-Unis, qui a développé des méthodes qui lui permettent de cultiver des légumes en plein hiver dans le climat froid du Maine.

Il expose ses idées dans son livre Des Légumes en Hiver. Ses méthodes sont basées sur le solaire passif et sur le choix des espèces à cultiver selon les saisons. Étonnamment, la plupart de ses serres ne sont même pas chauffées et quelques-unes seulement sont chauffées pour ne rester que quelques degrés au-dessus de zéro.

C’est un livre à lire pour tous ceux qui s’intéressent à la production de légumes en hiver, à l’agriculture en climat froid. C’est d’intérêt pour les producteurs professionnels mais aussi pour les amateurs. Je me dis que si M. Coleman réussit à produire des légumes en hiver sans haute technologie, il n’y a pas de raison pourquoi je ne pourrais pas étirer ma saison de jardinage jusqu’en décembre.

Je suis bien content de voir un nouvel intérêt pour la production de fruits et légumes en climat nordique. Il me semble que nous avons un beau potentiel à exploiter au-delà de bas tarifs d’électricité.

 

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Quelques références :

La ferme Four Season d’Eliot Coleman : http://fourseasonfarm.com/

Livre des Légumes en Hiver d’Eliot Coleman : https://www.leslibraires.ca/livres/des-legumes-en-hiver-eliot-coleman-9782330023584.html

La redécouverte d’anciennes méthodes de conception de serres, par LowTech Magazine : https://solar.lowtechmagazine.com/2015/12/reinventing-the-greenhouse.html

Une autre discussion : https://www.reddit.com/r/Quebec/comments/kb97bz/faire_pousser_des_l%C3%A9gumes_dans_le_nord_et_faire/

Toronto metropolitan area was already outgrowing Montréal by 1921.

Here is a map from canadian census archives on which we can see the population density in 1851, 1871, 1901 and 1921.

Canadian_pop_from_1851_to_1921

In the bottom left corner, a graph shows the 1921 population per province. Ontario’s population then accounted for 32.4% of the canandian population and Québec’s population accounted for 26% of the canadian population.

On the map, a red dot represents a thousand inhabitants. In larger settlements, red are replaced by circles whose diameter is proportionnal to population. Let’s look at the Great Lakes and St-Laurent river low lands area.

Détail de la carte de 1921

We can see that, in the Toronto aera, many circles overlap each others, more than in the Montréal area. Toronto was then, in 1921, becoming the center of a large cluster of cities and towns.

Montréal alone was then still larger than Toronto alone, but the great  Toronto metropolitan area was already larger than Montréal metropolitan area. By looking at Toronto alone  and Montréal alone populations, one misses the bigger picture.

So, already by 1921, Toronto metropolitan area was outgrowing Montréal.

Here is an interesting quote from american urbanist Jane Jacobs, The Question of Separatism : Quebec and the Struggle over Sovereignty :

« Montreal used to be the chief metropolis, the national economic center of all of Canada. It is and older city than Toronto, and until only a few years ago, it was larger. At the beginning of this century Toronto was only two-thirds the size of Montreal, […] »

« During the great growth surge of Montreal, from 1941 to 1971, Toronto grew at a rate that was even faster. In the first of those decades, when Montreal was growing by about 20 per cent, Toronto was growing by a rate closer to 25 percent. In the next decade, when Montreal was adding a bit over 35 percent to its population, Toronto was adding about 45 percent. And from 1961 to 1971, while Montreal was growing by less than 20 percent, Toronto was growing by 30 percent. The result was that Toronto finally overtook Montreal in the late 1970s. »

« But even these measurements do not fully suggest what was happening economically. As an economic unit or economic force, Toronto has really been larger than Montreal for many years. This is because Toronto forms the center of a collection of satellite cities and towns, in addition to its suburbs. Those satellites contain a great range of economic activities, from steel mills to art galleries. Like many of the world’s large metropolises, Toronto had been spilling out enterprises into its nearby region, causing many old and formerly small towns and little cities to grow because of the increase in jobs. In addition to that, many branch plants and other enterprises that needed a metropolitan market and a reservoir of metropolitan skills and other producers to draw upon have established themselves in Toronto’s orbit, but in places where costs are lower or space more easily available. »

« The English call a constellation of cities and towns with this kind of integration a « conurbation », a term now widely adopted. Toronto’s conurbation, curving around the western end of Lake Ontario, has been nicknamed the Golden Horseshoe. Hamilton, which is the horseshoe, is larger than Calgary, a major metropolis of western Canada. Georgetown, north of Toronto, qualifies as only a small southern Ontario town, one of many in the conurbation. In New Brunswick it would be a major economic settlement. »

« Montreal’s economic growth, on the other hand, was not enough to create a conurbation. It was contained withing the city and its suburbs. That is why it is deceptive to compare population sizes of the two cities and jump to the conclusion that not until the 1970s had they become more or less equal in economic terms. Toronto supplanted Montreal as Canada’s chief economic center considerably before that, probably before 1960. Whenever it happened, it was another of those things that most of us never realized had happened until much later. »

« Because Toronto was growing more rapidly than Montreal in the 1940s, 1950s and 1960s, and because so many of its institutions and enterprises now served the entire country, Toronto drew people not only from many other countries but from across Canada as well. The first two weeks I lived in Toronto back in the late 1960s, it seemed to me that almost everyone I encountered was a migrant from Winnipeg or New Brunswick. Had Montreal remained Canada’s pre-eminent metropolis and national center, many of these Canadians would have been migrating to Montreal instead. In that case, not only would Montreal be even larger than it is today, but -and this is important- it would have remained an English Canadian metropolis. Instead it had become more and more distinctively Quebecois. »

« In sum, then, these two things were occurring at once: on the one hand, Montreal was growing rapidly enough and enormously enough in the decades 1941-1971 to shake up much of rural Quebec and to transform Quebec’s culture too. On the other hand, Toronto and the Golden Horseshoe were growing even more rapidly. Montreal, in spite of its growth, was losing its character as the economic center of an English speaking Canada and was simultaneously taking on its character as a regional, French-speaking metropolis. »

Dès 1921, la grande région métropolitaine de Toronto dépassait déjà la région métropolitaine de Montréal.

Dans les archives des recensements du Canada, on retrouve une carte donnant la densité de la population en 1851,1871, 1901 et 1921.

Canadian_pop_from_1851_to_1921

Dans le coin inférieur gauche, un graphique illustre la répartition de la population par province en 1921. On peut y voir que la population de l’Ontario, fortement concentrée entre les lacs Ontario, Érié et Huron, représente 32,4% de la population du Canada et que la population du Québec, fortement concentrée dans les basses terres du Saint-Laurent, représente 26,% de la population.

Un agrandissement de la carte nous permet de mieux voir les basses terres du Saint-Laurent et des Grands Lacs. Chaque petit point rouge sur cette carte représente 1000 personnes. Dans les agglomérations plus densément peuplées, les point sont remplacés par un cercle dont l’aire est proportionnelle à la population en une agglomération donnée.

Détail de la carte de 1921

On remarquera que, dans la région de Toronto, plusieurs grands cercles se chevauchent, davantage que dans la région de Montréal. Toronto était déjà à cette époque en train de devenir le centre d’une grappe de municipalités, une métropole au centre d’une région métropolitaine.

Montréal comme telle, seule, était encore plus peuplée que Toronto comme telle, seule. C’est oublier la grande région métropolitaine entourant Toronto sans s’appeler Toronto.

Donc, dès 1921, la grande région métropolitaine de Toronto dépassait déjà la région métropolitaine de Montréal.

Un extrait du livre de l’urbanisme américaine Jane Jacobs, The Question of Separatism : Quebec and the Struggle over Sovereignty :

« Montreal used to be the chief metropolis, the national economic center of all of Canada. It is and older city than Toronto, and until only a few years ago, it was larger. At the beginning of this century Toronto was only two-thirds the size of Montreal, […] »

« During the great growth surge of Montreal, from 1941 to 1971, Toronto grew at a rate that was even faster. In the first of those decades, when Montreal was growing by about 20 per cent, Toronto was growing by a rate closer to 25 percent. In the next decade, when Montreal was adding a bit over 35 percent to its population, Toronto was adding about 45 percent. And from 1961 to 1971, while Montreal was growing by less than 20 percent, Toronto was growing by 30 percent. The result was that Toronto finally overtook Montreal in the late 1970s. »

« But even these measurements do not fully suggest what was happening economically. As an economic unit or economic force, Toronto has really been larger than Montreal for many years. This is because Toronto forms the center of a collection of satellite cities and towns, in addition to its suburbs. Those satellites contain a great range of economic activities, from steel mills to art galleries. Like many of the world’s large metropolises, Toronto had been spilling out enterprises into its nearby region, causing many old and formerly small towns and little cities to grow because of the increase in jobs. In addition to that, many branch plants and other enterprises that needed a metropolitan market and a reservoir of metropolitan skills and other producers to draw upon have established themselves in Toronto’s orbit, but in places where costs are lower or space more easily available. »

« The English call a constellation of cities and towns with this kind of integration a « conurbation », a term now widely adopted. Toronto’s conurbation, curving around the western end of Lake Ontario, has been nicknamed the Golden Horseshoe. Hamilton, which is the horseshoe, is larger than Calgary, a major metropolis of western Canada. Georgetown, north of Toronto, qualifies as only a small southern Ontario town, one of many in the conurbation. In New Brunswick it would be a major economic settlement. »

« Montreal’s economic growth, on the other hand, was not enough to create a conurbation. It was contained withing the city and its suburbs. That is why it is deceptive to compare population sizes of the two cities and jump to the conclusion that not until the 1970s had they become more or less equal in economic terms. Toronto supplanted Montreal as Canada’s chief economic center considerably before that, probably before 1960. Whenever it happened, it was another of those things that most of us never realized had happened until much later. »

« Because Toronto was growing more rapidly than Montreal in the 1940s, 1950s and 1960s, and because so many of its institutions and enterprises now served the entire country, Toronto drew people not only from many other countries but from across Canada as well. The first two weeks I lived in Toronto back in the late 1960s, it seemed to me that almost everyone I encountered was a migrant from Winnipeg or New Brunswick. Had Montreal remained Canada’s pre-eminent metropolis and national center, many of these Canadians would have been migrating to Montreal instead. In that case, not only would Montreal be even larger than it is today, but -and this is important- it would have remained an English Canadian metropolis. Instead it had become more and more distinctively Quebecois. »

« In sum, then, these two things were occurring at once: on the one hand, Montreal was growing rapidly enough and enormously enough in the decades 1941-1971 to shake up much of rural Quebec and to transform Quebec’s culture too. On the other hand, Toronto and the Golden Horseshoe were growing even more rapidly. Montreal, in spite of its growth, was losing its character as the economic center of an English speaking Canada and was simultaneously taking on its character as a regional, French-speaking metropolis. »